« Je suis Jack Stanton, l’homme qui a détruit le monde , celui qui, peut-être, le sauvera … »
La faute à qui ? À plein de petite s mésaventures en passant par les problèmes financiers des Éditions Humanoïdes Associés, le rachat par Glénat de la série et l’agenda des auteurs eux-mêmes (et sûrement un peu la motivation vu les aléas du projet mais on va encore dire que je suis mauvaise langue).
Bref, ce qu’il faut surtout retenir à ce niveau acrobatique des choses c’est que le pari fou est finalement atteint (autant que le cerveau de l’auteur c’est peu dire) et ce grâce à Mathieu Lauffray, qui est par ailleurs l’accoucheur de la série Long John Silver que je vous conseille vivement parce que, l’air de rien, ce jeune puceau a du talent derrière ses 3 poils pubiens.
Mais « Prophet » c’est quoi ? C’est l’histoire de Jack Stanton, un archéologue chevronné, égocentrique, à l’ambition dévorante et surtout ayant un énorme besoin d’être reconnu par ses pairs… bref un gros con. Lors d’une expédition dans les chaines montagneuses de l’Himalaya, lui et son groupe d’explorateurs vont faire une découverte qui pourrait remettre en question l’origine de notre monde : des vestiges pharaoniques creusés à même la roche et datant d’un autre âge. Qui a bien pu le construire ? Dans quel but ?
Malgré la mise en garde de certains de ses confrères et le décès/ (la) disparition inopiné(e) de presque tous ceux de l’expédition, Jack ne sait résister à l’appel de l’argent et de la popularité et s’en va publier sa découverte. Il devient ainsi le chouchou de tout le gotha avec tout le succès que l’on imagine et son cortège de tsoin-tsoin et de bling-bling. Mais voilà … survient l’impossible ! Quand Jack était rentré dans le sanctuaire « que-tout-le-monde-lui-disait-touche-pas-cela-petit-con », Jack a déclenché quelque chose et ce qu’il croyait des vestiges abandonnés était en fait une balise vers « autre chose », un autre monde qui lui, ne va pas se gêner pour déferler sur le nôtre. S’ensuivront des villes dévastées, des créatures immenses et étranges, avec destruction et génocide compris. Bref, le chaos et l’enfer sur terre.
Jack semble être le seul immunisé à cette apocalypse et sous ses yeux il verra le monde changer, gangrené et condamné à être dévoré et disparaitre. Comment vivre ? Comment survivre en sachant qu’à cause de son ambition, Jack est la cause de tout ce massacre ?
Naviguant entre rêve et folie prophétique, Jack sombrera-t-il dans la folie ? Arrivera-t-il à sauver son âme ou notre monde est-il condamné ? Est-il le « messie » que les survivants voient en lui ? Et quelle est cette étrange créature qui le pourchasse ?
Scénarisé initialement par Mathieu Lauffray et Xavier Dorison pour le premier épisode puis Lauffray tout seul comme un grand pour le reste, on nous propose ici une aventure fantastique saupoudrée de mysticisme et d’une réflexion sur l’individualisme et l’égoïsme, sur un ton de plus en plus sombre en avançant dans l’histoire. Mais d’abord faisons le tour du propriétaire.
Mathieu Lauffray, c’est un gars bien dans ses chaussettes et qui sait dessiner, genre vieille école avec pinceau et tout le toutim. De ce fait, graphiquement c’est une grosse claque avec de grandes mises en scène, de grandes cases, une maitrise au niveau du trait et un vertige graphique de derrière les fagots. Évidemment, on notera tout de même un changement de style entre les premiers albums et le dernier vu le temps qui les sépare (9 ans pour rappel). Le tout est finement rehaussé par un jeu de couleurs, parfois palpitantes, parfois froides et sombres mais toujours adaptées au contexte (c’est à un certain Anthony Simon qu’il faut dire merci… merci Anthony).
L’histoire quant à elle est découpée en 4 volumes et est remplie de cliffhanger qui motivera la lecture et, ça fonctionne ! Le récit est bien construit et ne faiblit pas même si toutes les promesses du premier volume ne sont pas rencontrées au fil des épisodes. Le rythme est soutenu, sauf peut-être pour le 3e épisode, et l’on ne s’ennuie nullement même si personnellement j’ai trouvé que le final avait un petit gout de marijuana sous acide et aurait mérité un 5e tome afin de répondre à toutes les questions et incertitudes ; mais au moins nous avons ici un récit complet et l’on sent l’envie de l’auteur de conclure l’histoire.
Au final une bonne série dans sa globalité qui démarre à tout berzingue et qui vous emmènera dans un trip étrange, faisant le grand écart entre aventure et introspection métaphysique. Une série sympa qui manque un peu de souffle et qui malheureusement a souffert de sa « réputation ».
0 commentaires :
Enregistrer un commentaire