mardi, décembre 16, 2014

Alien Salvation de Gibbons & Mignolia

décembre 16, 2014 Smith

J’ai sous la main une petite B.D. de derrière les fagots puisque ce n’est pas moins que la version collector et limitée à 400 exemplaires d’Alien Salvation de Dave Gibbons et Mike Mignola.

Dave Gibbons (à ne pas confondre avec Dave Stewart du groupe new wave/age Eurythmics), c’est un écrivain qui a déjà pas mal baroudé avec son pote Alan Moore et dans l’univers des comics. Mike Mignola, lui, on ne va pas trop le présenter mais c’est le papa de Hellboy principalement, trois films et tout un univers rempli de mythes & légendes ; mais voilà, avant Hellboy il y avait autre chose et c’est là qu’on rentre dans le vif du sujet et que l’on part en pleine introspection. À l’époque où les deux lascars se sont rencontrés, ils voulaient faire un projet ensemble. Et comme en plus le film de Ridley Scott avait le vent en poupe, le sujet était déjà trouvé.

Alien  vous connaissez, non ? Mais siiii, 1979, un vaisseau, un gars qui accouche douloureusement d’une créature à la bouche phallique et j’en passe… pour ceux qui ne connaissent pas (honte à vous), le film en lui-même est un film genre survival-SF-horreur et raconte l’histoire de l’équipage du vaisseau spatial NOSTROMO qui se voient décongelés de leur hibernation pour cause de rescousse de la veuve et l’orphelin sur une base minière abandonnée. Après investigation, ils découvrent que presque tout le monde, ils sont morts de chez morts, sauf une gamine qui a des gènes de Bruce Willis. Manque de bol (comme toujours), la cause n’est pas naturelle mais plutôt la cause de plein de vilains monstres très laids, visqueux et bien baveux qui ne leur veulent pas du bien ou qui aimeraient bien s’accoupler avec, c’est tout dire ; pour le reste allez voir le film. Bref, ça c’est pour la base principale du film, et notre bouquin va s’en servir pour ne garder que l’ambiance et ces vilains Aliens évidemment. :)


L’histoire du bouquin ? Le vaisseau NOVA MARU retourne sur terre avec sa cargaison chargée jusqu’à la gueule de boites de crabe et de sushis avariés sauf qu’en plein vol, une avarie va faire tout foirer et « patatras », voilà que c’est déjà la catastrophe. Le capitaine du vaisseau, pas con, prend Slivek, le cuistot, avec lui et se barre avec l’unique capsule de secours sur la plus proche planète et zut pour les autres qu’on abandonne lâchement.

Sauvé oui, mais pas pour longtemps puisque la planète où la capsule de secours s’est écrasée est du genre assez sauvage ; et si c’était déjà pas assez la foire, le NOVA MARU va justement s’y écraser aussi pour y décharger sa cargaison de boites de crabe… ah non tiens, c’est pas du crabe, c’est des Aliens… Damned, vous voulez dire que la compagnie pour laquelle ils travaillent voulait ramener de l’Alien sur terre pour en faire une arme biologique et se faire plein de sous ? Noooooon, jamais. On n’est pas comme ça nous. Du coup, Slivek, super croyant avec Jésus et tout ça, va devenir un peu fou et va voir dans les Aliens, des démons de l’enfer. Le capitaine, lui, mentalement, a déjà lâché les amarres et est parti faire des crêpes. Culpabilité ? Recherche de la rédemption ? Perso je prends mes jambes à mon coup.

Dans un graphisme entre « le Cycle des Epées » et « Hellboy », Mike Mignola nous offre un dessin saupoudré d’aplat sombre faisant déjà référence à son style si connu. C’est très beau, obscur, rempli de symbolisme et s’accorde fidèlement à cette ambiance froide et si mortelle. Personnellement c’est une période graphique plus « intéressante » à mon gout, du dessinateur.


Dave Gibbons, comme d’habitude, nous offre ici un scénario introspectif, empli de psychanalyse et de questionnement où se mélangent religion et peur. Un style narratif lent, réfléchi et macabre pour ce bouquin pas mal du tout qui nous montre jusqu’où la foi et la folie peuvent aller dans des situations extrêmes. Le tout est sans prétention puisque les auteurs eux-mêmes avouent dans un excellent aparté qui se trouve dans le bouquin, que leur but était de s’en mettre plein les fouilles.

Édition collector oblige, l’objet est super beau et d’excellente facture, même pour votre portefeuille, car malgré le fait que ce soit un truc tiré à 400 exemplaires chez WETTA, il est encore trouvable pour pas cher du tout (genre 10-15€) dans les bonnes librairies évidemment ou même dans certains e-shops. Certains vous diront que le nombre de pages est plus que léger et en aurait mérité quelques unes en plus, histoire de plonger encore plus dans la folie et les états d’âme des personnages mais l’histoire en vaut la peine malgré ce petit défaut.

La version normal quant à elle est nickel et n'a pas honte par rapport à la version collector. D'ailleurs quelques photos valent mieux qu'un (trop) long discours.

Seul regret ? Que l'édition collector ne soit limitée qu'à 400 exemplaires ... mais cela on n'y peut rien. Une très bonne lecture avant d'aller se coucher.











lundi, décembre 15, 2014

Elric à la plage

décembre 15, 2014 wolfiz

Une news à prendre avec des pincettes mais en tenant compte du succès de Games of Thrones et Walking Dead, c'est de l'ordre du méga-possible.

Suite au succès de la BD Elric, la chaine américaine AMC (qui produit par ailleurs Walking Dead) est en train d'adapter la saga de Michael Moorcock : Elric, et ce pour le petit écran.

A suivre mais j'en salive d'avance :)

vendredi, décembre 12, 2014

SOS Météo (les aventures de Philip et Francis) Baral et Veys

décembre 12, 2014 Smith
Les fêtes de fin d'année approchent et les rotules des imprimeurs tournent à plein régime ; saviez-vous que 70% des publications annuelles se font en cette fin d'année ? Préparez-vous car entre intégral, compil, nouveauté et opportunisme, vous n’aurez que l’embarras du choix et c’est là que j’interviens, histoire de vous aider un peu dans vos achats (youpiii).
Cela tombe super bien car voici notamment le 3e opus de la saga de « Philip et Francis », les jumeaux parodiques de la série « Blake et Mortimer » de feu Edgar P. Jacobs.

Le professeur Philip Mortimer et le capitaine Francis Blake sont amis depuis Mathusalem et forment un tandem des plus efficaces en terre d’Albion contre les menaces extérieures. Mortimer, savant génial et complètement allumé, a un caractère genre crème des crèmes, super gentil à l’extrême… limite simplet si vous voyez ce que je veux dire. Le capitaine Blake, lui, est genre militaire jean-foutre glandeur professionnel et un gros Tanguy qui vit encore chez sa maman.
D’ailleurs le voilà qui débarque chez Philip Mortimer suite à une dispute avec sa maman sauf que là, ça a bien clashé et il rapplique avec ses valises et tout le ramdam. Philip est contraint mais en son for intérieur, il en a marre de chez marre et aimerait bien qu’on lui greffe une bonne grosse paire, histoire qu’il puisse s’imposer et dire « non » une fois pour toutes à tout ce qu’il n’a pas envie de faire. Qu’à cela ne tienne ; direction son labo, histoire de se préparer un bon cocktail à base de Whisky écossais, de testostérone, de couille de singe et de la bonne graine de crevard.
Succès presque atteint sauf que le dosage n’est pas bon et au lieu de créer une potion testostéronée qui va faire pousser les poils, le voilà avec une potion qui dédouble sa personnalité genre Dr Jeckyll et Mr Hyde… et quand il est en Mr Hyde, c’est sa partie noire et obscure qui le révèle en tant que super vilain.
Déjà qu’avec le Colonel Olrik ce n’était pas coton mais si en plus, la Grande Bretagne a un deuxième super méchant-vilain-encore-plus, ce n’est pas gagné. Unis pour le meilleur et surtout pour le pire, ils vont concocter un plan machiavélique qui aura de quoi faire trembler la reine mère elle-même.

Marketing oblige, ce numéro sort presque en même temps que SOS Météore, série éponyme des vrais Blake & Mortimer. Pierre Veys et Nicolas Barral, les auteurs, nous pondent ici un 3e volet à leur saga que l’on sent tout de même fait à la va-vite et sans grande inspiration ; on tourne trop en rond et l’humour fait beaucoup moins mouche.
Visuellement, les traits, au fil des pages, deviennent lourds voire pâteux et beaucoup moins fins que dans les précédents épisodes ; l’humour n’est pas en reste puisque l’humour so british caractéristique des deux précédents épisodes, et saupoudré de chauvinisme, est moins « comique ». L’histoire quant à elle, manque d’une réelle profondeur et l’on a juste une tranche de vie des héros parsemée de private jokes et de clins d’œil à Orange Mécanique, Churchill et à l’après-guerre.
Alors oui je pourrais dire que j’ai raté un truc, je suis méchant, je n’ai pas d’humour… j’ai relu 3 fois le bouquin et rien n’y fait ; en comparaison avec les épisodes précédents, celui-ci est nettement moins inspiré et l’unique chose que l’on peut souhaiter serait que la suite soit plus à la hauteur des exigences des héros et nous décrispe plus vertement la mâchoire.
Au final, un album juste passable et moyennement divertissant que l’on conseillera surtout à ceux qui ont la collectionnite aigüe ou ceux qui suivent la série. Quoi qu’il en soit, une chose est sûre ; si vous êtes arrivé jusqu’à ces lignes, je n’ai qu’une chose à vous dire et à vous conseiller : plongez sur les deux premiers volets, vous en aurez pour votre argent :)



dimanche, décembre 07, 2014

La révolution des pinceaux de Busquet & Mejan

décembre 07, 2014 Smith
Paris, une vieille France alternative, époque Charles Dumas, avec tutu rose, collants et barbiche. Ambiance cape & épée. Direction la commedia dell’arte. Rideau !

Philippe et Gaston sont deux gars sympas qui travaillent dans le monde bariolé de la bande dessinée. L’un est nègre pour une série à succès « Le vengeur écarlate », l’autre travaille dans le monde de l’édition, mais tous deux sont logés à la même enseigne : fauchés, mal payés, exploités et pressés comme des citrons par leurs employeurs qui ne pensent qu’à maximiser leurs gains (et qui ne voient que l’aspect pécuniaire). Ils survivent uniquement grâce à leur amour invétéré pour l’art crayonné et leurs passions pour celui-ci.

Évidemment, malgré ce contexte assez contemporain et d’actualité, certains résistent et s’expriment à leur manière ; comme Dominique, caricaturiste notoire et populaire, qui dénonce à coup de dessins acerbes et pimentés, cette oppression et le dictat ; d’ailleurs il n’y va vraiment pas avec le dos de la truelle envers ses détracteurs.

Et il en payera d’ailleurs le prix fort car malheur à ceux qui se rebellent ou s’écartent du droit chemin dicté par les éditeurs… Tout a un prix, même l’encre.

Sous pression, la famine gronde et le petit monde du dessin illustré sent la moutarde lui monter au nez… Vont-ils se révolter ? Une seule chose est sûre ; la révolution gronde !!! Alors affutez vos pinceaux, fourbissez vos pointes, le duel d’encre et de sang va commencer.

Sous ses 88 pages et sa belle couverture rigide, Pere Mejan & Josep Busquet, duo ibérique et auteurs de l’excellent « Puntos de Experiencias » récidive ici avec « La révolution des pinceaux » sorti aux éditions DIABOLO EDITIONS… Et là je vois vos regards ébahis en vous disant : « Oh, un bouquin en espagnol ! Courage fuyons ! » Eh bien non, car celui-ci est bien dans la langue de Voltaire et ça, c’est complètement nouveau pour cette maison d’édition pure paella qui s’est donné pour mission de promouvoir la bande dessinée espagnole en terre saxonne. « Diantre !!! » me direz-vous. Une mission bien louable car attaquer le marché francophone avec un sujet aussi « chaud » que celui traité dans ce récit est assez couillu comme entrée en matière.

Les auteurs, afin de conter leur histoire, ont achalandé le tout comme une gigantesque pièce de théâtre ; mais personne n’est dupe car sous ses petits airs enfantins, cette bande dessinée aborde courageusement le malaise que beaucoup d’auteurs d’aujourd’hui subissent. Et même si le conflit est placé en pleine époque de Louis XIV mitonné Mai 68, personne n’est dupe ; c’est bien un pamphlet contre les pratiques capitalistes dictées par certaines maisons d’édition que l’on nous propose ici.
Au fil des pages, on nous dévoile l’envers du décor et l’on découvre avec ébahissement une ambiance lourde et ironique. Les maisons d’édition sont clairement présentées comme des royalistes, de vieux conservateurs qui étouffent l’art afin de le « standardiser », le censurer, et au final le sacrifier en tant qu’expression sur l’autel du profit (sic !).

Autant dire que le message est louable et le fait de replacer l’histoire chez M&Ms (Molière et Molaire) permet de dédramatiser l’histoire et rend le récit plus théâtral et accessible. Le sujet n’en est pas moins noir de café dans cette lutte des classes entre les partisans de la révolution et les « royalistes » au détriment de l’individu ; d’autant plus que la crédulité des auteurs est aussi sincère que naïve dans un monde où l’on ne fait que rarement ce que l’on a envie, et encore moins du côté artistique.

Le trait de Pere Mejan s’acclimate sans difficulté dans cette étrange époque et a un certain charme ; il insuffle un souffle inspiré aux différents personnages grâce à de petites touches sarcastiques et tragiques parcimonieusement dosées. On sent vraiment un trait dynamique même si le style graphique si caractéristique du dessinateur (mélange de gribouillis contrôlé ^^) risque de faire déchanter certains lecteurs.

Tous cela est bien gentil mais je sens que vous attendez que je vous donne mon avis sur le livre, alors crevons l’abcès : est-ce que c’est bien ? Est-ce que le bouquin en vaut la peine ? Eh bien, les amis, j’avoue que c’est assez moyen en fait. Autant le fond est bon, le dessin aussi est bon… mais alors où est la couille ? Dans le potage pardi !
Le fait de placer le récit dans une période Louis XIV fait que la sauce a du mal à prendre et j’ai vraiment eu toutes les peines du monde à y rentrer et j’ai sûrement dû y perdre quelques pinceaux au passage.

À peine remis de mes courbatures et si d’aventure vous aussi survivez à cette étape, vous arriverez à la plus grosse écuelle du livre… sa traduction ! Une bonne traduction est super importante et notamment avec les tournures de phrase. Malheureusement celle-ci bat des pieds et souffre d’une retranscription beaucoup trop littéraire, qui fait que les gags et private jokes tombent dans l’abime de l’oubli ; l’on sent même lors de certains passages, que l’on passe à côté de quelque chose. Du coup l’on se retrouve circonspect avec un book qui a un petit air d’inachevé.

En deux mots, « la révolution des pinceaux » ne sera pas, à mon sens, une révolution sur nos terres, mais plutôt destinée spécialement aux aficionados des auteurs émérites, de leurs détracteurs et évidemment à tous ceux sensibles à ce sujet.

Scaramouche, sauve-toi si tu le peux !












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